Si les médecins manifestaient ce 14 février dans la rue contre la loi Rist examinée au Sénat, 50 organisations infirmières publiaient un communiqué pour défendre l'accès direct aux infirmiers, et pas seulement spécialisés. Le Sénat a pour sa part été à l'écoute des organisations infirmières....
Ce 14 février, plusieurs milliers de médecins défilaient dans les rues de Paris, entre la place Vauban et le Sénat, pour s'opposer, de nouveau, au vote de la loi Rist. Laquelle loi prévoit de confier un accès direct à certaines professions paramédicales : orthophonistes, infirmiers en pratique avancée (IPA), kinésithérapeutes. Si les syndicats de médecins libéraux (UFML-S, MG France, FMF, CSMF, SML, FMF) étaient là présents, ainsi que le conseil national de l'ordre des médecins, les syndicats hospitaliers, qui avaient annoncé leur soutien et leur participation (APH, Amuf, Jeunes médecins) se sont faits plutôt discrets. Quoi qu'il en soit, les organisateurs de cette manifestation semblaient tirer un bilan positif de cette manifestation. À commencer par le collectif Médecins pour demain, qui annonçait la participation de "10 000 médecins, tous les syndicats, le président de l ordre des médecins", sur le réseau social Twitter.
Revalorisation, simplification, non aux délégations
La plupart des médecins présents dans le cortège se sont mobilisée pour au moins trois raisons : la revalorisation du tarif de consultation, la simplification administrative et le rejet de la délégation de tâches vers les paramédicaux. Certains d'entre eux n'avaient pas non plus de mots assez durs contre le contrat d'engagement territorial (CET), un nouveau système proposé par l'assurance maladie dans le cadre des négociations conventionnelles. Ce CET propose une meilleure rémunération de la consultation contre un engagement plus volontaire, entre autres, dans la permanence des soins ambulatoire. Si ce CET en énervait plus d'un, reste que la bête à abattre ce 14 février reste la loi Rist qui permet un accès direct à certains paramédicaux, dont les infirmiers en pratique avancée (IPA).
50 organisations infirmières pas contentes du tout
Côté infirmiers, il va sans dire que les revendications médicales ont déplu. Dans un communiqué commun, 50 associations infirmières s'insurgent contre "une opposition systématique médicale à toute évolution des professions de santé non médicales". Dans ce communiqué, les organisations infirmières défendent la permanence des soins assurée par les infirmiers, "l'accès direct pour les 700 000 infirmiers particulièrement en ce qui concerne la gestion des plaies", "la reconnaissance du statut d'auxiliaire médical en pratique avancée pour les spécialités infirmières", "l'accès direct notamment en CPTS et la primo-prescription des IPA". Et de conclure : "Les infirmiers ont un rôle déterminant dans ce contexte de pénurie médicale et d'accès aux soins, dans une prise en charge coordonnée avec les différents professionnels."
Pendant que les médecins défilaient et que les infirmiers diffusaient leur communiqué, les sénateurs votaient. Force est de constater que, malgré la présence aux abords du Sénat de plusieurs milliers de médecins, ils ont ménagé le chèvre et le chou, en avalisant certaines des propositions des organisations infirmières.
Ainsi, le sénat a "permis l'accession à la pratique avancée des auxiliaires médicaux disposant d'un diplôme non universitaire équivalent : à ce titre, les infirmières anesthésistes diplômées d’État pourraient désormais accéder à la pratique avancée". Il a par ailleurs "ouvert la voie à une reconnaissance des infirmiers spécialisés comme auxiliaires médicaux en pratique avancée". Les IPA pourront avoir un accès direct aux patients, dans les établissements de santé, les établissements médico-sociaux et les structures d'exercice coordonné. Le Sénat a également clarifié "la disposition permettant aux sages-femmes, aux chirurgiens-dentistes et aux infirmiers de concourir à la permanence des soins ambulatoires". Le Sénat a par ailleurs "élargi l’indemnisation, à la charge du patient défaillant, pour tout professionnel de santé concerné par un rendez-vous non honoré et non au seul bénéfice des médecins". Le texte est repassé à l'Assemblée nationale qui va procéder à une deuxième lecture. Le match n'est pas fini.