La chroniqueuse et comédienne Béatrice Rosen vient de déposer plainte contre deux médecins de la mouvance Nofakemed devant la justice ordinale pour entorse au Code de déontologie.
Entre les 6 et 7 décembre derniers, une série d'articles a été publiée dans la presse aussi bien généraliste que professionnelle pour faire état d'un "raid numérique" sur le réseau social Twitter contre le Dr Clarot Aka le__Doc. Le 6 décembre dernier, le Quotidien du médecin ouvrait le bal en décrivant dès le premier paragraphe de son article les menaces dont fut victime le Dr Clarot, médecin proche de la mouvance Nofakemed : "Menaces de mort, photo de guillotine émaillée de l'avertissement « elle sera pour toi » et flot d’insultes : samedi et dimanche dernier, le Dr Franck Clarot – alias « Le Doc » sur Twitter – a reçu des centaines de tweets plus violents les uns des autres."
Amoxicilline et "message de santé"
La cause de cette e-fatwa ? "Un raid numérique qui trouve sa source dans des échanges autour de la pénurie d'amoxicilline entre le radiologue de Rouen aux 77 000 abonnés et l'actrice Béatrice Rosen", poursuit le quotidien spécialisé. De fait, le Dr Clarot aurait été victime des abonnés de Béatrice Rosen, "comptes et groupes d'influence relayant des désinformations sur le Covid, et responsables d'un harcèlement massif à l’encontre du Dr Clarot". On y apprend que le Bon Dr Clarot est soutenu par l'UFML-S qui dénonce "une parole médicale muselée" et des "médecins menacés".
Quoi qu'il en soit, le Dr Clarot affirme en fin d'interview qu'il continuera à faire passer "des messages de santé". On n'en saura guère plus. L'article de 20 minutes est plus complet et détaillé : l'on en apprend un peu plus sur les "messages de santé" que fait "passer" le Dr Clarot sur Twitter. À la suite d'un tweet d'alerte de la comédienne Béatrice Rosen sur la pénurie d'amoxicilline, le Dr Clarot lui répondait en faisant "passer un message de santé". Le voici : « Je me souviens bien de la première pénurie d’amoxicilline vers 1350, déjà les usines avaient des soucis et on en avait parlé sur Twitter. »
Il semble que pour le Dr Clarot, le foutage de gueule fasse partie des thérapeutiques qu'il applique... Ce premier message ironique était suivi par une bronca de messages de followers de Béatrice Rosen, qui n'ont apparemment pas apprécié les conseils santé du bon Dr Clarot. Lequel, incompris, a décidé de porter plainte. Mais il n'est pas le seul.
Plainte de Béatrice Rosen
Dans un communiqué relayé sur les réseaux sociaux (Twitter, Facebook, LinkedIn), l'avocat de Beatrice Rosen, Thomas Benages, indique avoir saisi les juridictions ordinales à l'encontre des Dr Clarot et Marty. "Il est reproché à ces deux médecins d’avoir enfreint le code de déontologie médical en véhiculant des propos dénigrants et diffamatoires à l’encontre de Béatrice Rosen, comédienne et chroniqueuse dans l'émission TPMP. En effet, Béatrice Rosen, fait l’objet depuis plusieurs jours d’une campagne de dénigrement sur les réseaux sociaux et dans la presse, orchestrée par ces deux médecins", écrit le conseil de la chroniqueuse de TPMP.
L'avocat de Béatrice Rosen ajoute que la prétendue victime de cyber-harcèlement, le Dr Clarot, a lui-même été bloqué pendant 12 heures, suite à ces échanges houleux sur Twitter. Le Dr Marty, président du syndicat de médecins libéraux UFML-S, est également poursuivi pour avoir insinué dans un communiqué que Béatrice Rosen aurait été l'instigatrice du cyberharcèlement dont aurait été victime le Dr Clarot. "De son côté, le Dr Marty président de l’Union française pour une médecine libre (UFML) diffusait un communiqué de presse sous-entendant que Béatrice Rosen serait l’instigatrice de ce cyberharcèlement, ou bien qu’elle n’aurait pas dénoncé les propos virulents, proférées en dessous de ses tweets et même que « au contraire, elle en a rajouté, attisant le feu et la haine de ses followers ».
Or, Béatrice Rosen, a réagi de multiples fois dès le 4 décembre en indiquant qu’elle « ne cautionne ni n’accepte aucune menace, aucune violence, qu’elle soit envers moi ou autrui », détaille Maitre Benages. En effet dans un thread publié sur Twitter, la comédienne publie deux captures d'écran, datées du 4 décembre, où elle condamne "injures publiques", "menaces de mort", "diffamations".
Cet article affirme que je n'ai pas réagi avant le mercredi 7.
C'est FAUX.
Dès le 4/12 au soir j'ai condamné tte menace, tte violence dans divers messages dans les échanges où le Dr était tagué. En voici 2 parmi d'autres. Le 2eme est à minuit le soir même. Il y en a d'autres. pic.twitter.com/BMZ3NUoyci— Beatrice Rosen (@Beatrice_Rosen) December 10, 2022
Bref, l'affaire semble plus complexe que ne l'a laissé entendre Le Quotidien du médecin et 20 minutes. Il semble que le Dr Clarot ait utilisé les bonnes vieilles ficelles de la stratégie de communication des nofakemed, telles qu'elles ont été décrites dans l'enquête "Et ça se dit médecin". Cette tactique consiste, pour les médecins qui en sont adeptes, dans un premier temps à moquer, harceler, insulter, sur les réseaux sociaux, puis se poser en victimes dans la presse mainstream dès lors que des twittos, dépassant les bornes, répondent à ces provocations de médecins. Reste à voir ce qu'en pense la justice, pour peu que cette affaire prospère...