Le Haut conseil des professions paramédicales examine aujourd'hui un décret qui permet à tout infirmier général d'exercer la fonction d'Ibode.
Ce jour le Haut conseil des professions paramédicales (HCPP) examine un décret qui va conditionner l'avenir du métier d'infirmier en bloc opératoire (Ibode). Il s'agit d'un texte qui permet l'exercice du métier d'Ibode à tout infirmier "général", sous certaines conditions. L'infirmier général qui postule doit justifier d'une "expérience en bloc opératoire d’une durée au moins égale à un an au lendemain de la publication du présent décret et la réalisation pendant cette période, de manière régulière et continue, de l’ensemble des actes prévus à l’article R.4311-11-1 du code de la santé publique". L'autorisation est délivrée à titre temporaire, mais le décret, dans la version que La Lettre de la Santé a pu consulter, ne précise aucune durée pour cet exercice temporaire.
Pas d'obligation de formation
Il ne prend fin que lorsque l'infirmier suit une formation continue, laquelle formation n'est assortie d'aucune obligation. Aussi, rien n'est dit sur le contenu de cette formation : sera-t-elle équivalente à la formation d'Ibode ? Rien n'est moins sûr. Il va de soi que les syndicats d'Ibode sont vent debout contre ledit décret. "Ce décret passe sous silence la qualité des soins, alors que c'est quand même l'enjeu", affirme Grégory Chakir, porte-parole du collectif Inter-Blocs. "Ce texte a suscité l'indignation de l'ensemble de la profession et pour cause : c'est une attaque frontale contre notre spécialité, car depuis 2015 nous avons l'exclusivité d'une dizaine d'actes que seuls les Ibode peuvent réaliser mais cette exclusivité est attaquée par le lobby de l'union des chirurgiens de France (UCDF) qui s'appuie sur le prétexte de pénurie d'Ibode pour remettre en cause l'exclusivité de nos actes."
Tel que le stipule l'article R4311-11-1, les actes exclusifs de l'Ibode sont les suivants :
"- l'installation chirurgicale du patient ;
- la mise en place et la fixation des drains susaponévrotiques ;
- la fermeture sous-cutanée et cutanée ;
b) Au cours d'une intervention chirurgicale, en présence du chirurgien, apporter une aide à l'exposition, à l'hémostase et à l'aspiration ;
2° Au cours d'une intervention chirurgicale, en présence et sur demande expresse du chirurgien, une fonction d'assistance pour des actes d'une particulière technicité déterminés par arrêté du ministre chargé de la santé."
Grégory Chakir regrette que la DGOS "n'ait retenu aucune des propositions du collectif", et notamment l'obligation de formations au métier d'Ibode imposée à l'infirmier général qui exercerait en bloc opératoire. Le HCPP est uniquement consulté et n'a pas mandat pour s'opposer à la publication de ce décret. Mais, si le décret était publié en l'État, le Collectif Inter-Blocs prévient qu'il l'attaquera devant le conseil d'État. Tous les syndicats ne sont pas sur la même longueur d'ondes que le collectif puisque la CFDT a fait savoir qu'elle ne s'opposerait pas à la publication dudit décret.